Bernard Stiegler : la disruption rend fou

Vidéo extraite de l’article d’Ariel Kyrou sur http://www.culturemobile.net/

Quand Stiegler pointe l’étrange concordance d’objectifs de la bible de Daech et du manifeste des «néo barbares»

Mais au-delà de l’usage des réseaux sociaux, de Facebook à l’application de messagerie cryptée Telegram, quel rapport y a-t-il entre ce terrorisme et notre nouveau monde numérique ? C’est sur cette question que Bernard Stiegler suscite la polémique, lancée pour l’essentiel par ceux qui n’ont lu de lui qu’une interview ici ou là, et qui ne veulent surtout pas vraiment le lire. En y prenant le temps.

Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? opère en effet un parallèle provocateur entre deux «bibles» : celle de Daech, datée d’une douzaine d’années, L’Administration de la sauvagerie : l’étape la plus critique à franchir par l’Oumma, véritable programme de la guerre à mener contre l’Occident ; et celle de l’incubateur de startup et groupe plus ou moins structuré de défenseurs de l’innovation technologique à tous crins The Family, qui fête bientôt son deuxième anniversaire. Stiegler ne place évidemment pas sur un même plan les actes, odieux et réellement meurtriers de Daech, et les projets de l’ordre de la violence métaphorique et sociétale de ceux qui se déclarent eux-mêmes non sans humour des «néo barbares». Mais il montre en revanche la concordance de discours, donc des rêves plus ou moins bien assumés, de l’un et l’autre plaidoyers stratégiques et guerriers, clamant tous deux la nécessité d’utiliser une certaine «sauvagerie» pour mettre à bas ce qu’il subsiste de dinosaures étatiques.