Sandrino Graceffa (SMart) : « Il ne faut pas détricoter le droit social

Sandrino Graceffa, directeur général de SMart, une des entreprises les plus importantes du secteur de l’économie sociale en Belgique, dans un entretien avec Amandine Cloot, journaliste économique du quotidien belge Le Soir.

Que pensez-vous de la Loi Peeters ?

Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ce projet de loi.

D’une part, l’idée de créer un statut de collaborateur autonome nous paraît une chose intéressante puisque il permet de faire rentrer dans le cadre de la protection sociale du salariat des travailleurs qui auraient pu être assez précarisés en étant considérés comme des travailleurs indépendants. Donc le fait de leur permettre à la fois de reconnaître qu’ils ne sont pas subordonnés comme un travailleur classique, mais en même temps de leur permettre d’accéder au socle de la protection sociale du salariat, ça nous paraît être une bonne chose.

Il y a aussi un certain nombre de choses que nous trouvons intéressantes autour de la flexibilité du temps de travail et son annualisation.

Le problème de cette loi c’est que d’une certaine manière elle accompagne l’évolution du travail qui nous semble nécessaire mais elle ne renforce pas suffisamment les droits acquis des travailleurs déjà existants. On doit être très attentifs à considérer que ce n’est pas parce qu’il y a une partie de la population de travaillerus qui a besoin de plus de flexibilité pour travailler que ça doit s’appliquer à tous les travailleurs.

Ce qui est important aujourd’hui c’est de bien délimiter ce que ces formes d’expérimentations sur une catégorie de personnes soient bien balisées. Il est évident que par exemple le principe de l’annualisation du temps de travail est quelque chose qui peut correspondre à une forme de progrès social pour un certain nombre de travailleurs très très autonomes mais peut être aussi une régression pour d’autres.

Ce qui est important donc c’est de bien cadrer, ce qui n’est pas suffisamment le cas pour le moment.