Avant de connaître le travail historique de Tine De Moor, l’historien belge des communs qui a étudié l’émergence des commun et des guildes dans le «haut moyen-âge» aux Pays-Bas (Hollande et Belgique), je supposais que les communs étaient un élément permanent de la vie sociale. Et d’une certaine manière, c’est ce qu’ils sont en effet, mais ils refluent aussi et coulent à travers l’histoire. Que pouvez-vous apprendre de cet important essai, que je vous recommande fortement de lire ? C’est que le nombre d’accords de guildes et de communaux a littéralement explosé au 12ème siècle, une véritable explosion des pratiques de mutualisation que les commoners et les travailleurs ont utilisé pour créer de la solidarité face à l’insécurité de la vie.

Tine De Moor appelle cela une «révolution silencieuse» parce qu’elle ne comportait pas d’émeutes, mais la construction de nouvelles institutions sociales. Ceci est, pour une grande part, ce qui se passe aussi maintenant, et que la P2P Foundation cherche à cataloguer, observer et comprendre.

Article : The Silent Revolution: A New Perspective on the Emergence of Commons, Guilds, and Other Forms of Corporate Collective Action in Western Europe. By TINE DE MOOR. IRSH 53 (2008), Supplement, pp. 179–212

Extrait de l’introduction de Tine De Moor:

« Au cours de la fin du Moyen-âge, dans une mesure et avec une intensité jusqu’alors inconnue, les Européens ont formé des alliances qui se fondaient principalement non pas sur la parenté, mais sur une autre caractéristique telle que l’occupation commune. Les guildes et les fraternités étaient des organisations fournissant de bons exemples de cela dans les milieux urbains, tandis que dans les zones rurales, la fin du Moyen-Age était la période où des arrangements fonciers communaux, ou tout simplement « communs », ont été de plus en plus fréquemment formés et institutionnalisée. Ce n’est pas la formation réelle de ces types d’action collective qui est si frappante, ni leurs caractéristiques institutionnelles qui ont rendu la région exceptionnelle en cette période, comme les essais de ce volume l’illustrent, les artisans et les commerçants ont formés des guildes ailleurs et à d’autres moments.
Cependant, c’est la grande intensité de la formation de nouvelles unités d’une telle action collective qui rend ce mouvement frappant et qui suffit pour se référer à lui comme à une «révolution silencieuse». Une révolution, dans la mesure où c’était un mouvement qui a commencé par le bas, et parce qu’il pourrait se révéler avoir été aussi important pour le cours ultime de l’histoire européenne que toute autre révolution ; et silencieux, en ce qu’il a d’abord été fondé principalement sur des accords tacites entre dirigeants puissants et des sujets exigeants, qu’ils soient villageois ou citadins, et sont devenus explicites, c’est à dire écrits, seulement après un certain temps.

La plupart du temps ces accords ont été formés pacifiquement. Le développement plutôt discret des formes d’action collective décrites ici signifie que pendant une longue période, c’est resté une révolution inaperçue aussi. L’essentiel de l’attention dans la recherche sur l’action collective s’est focalisée sur des changements à court terme sous la forme d’émeutes, de manifestations, de protestation, et analogues, comme étant les moteurs de la démocratisation et du changement politique. Dans cet article, je soutiens que la révolution silencieuse a, dans une large mesure, créé l’infrastructure institutionnelle du changement socio-politique, ainsi que d’autres formes d’action collective qui sont devenues caractéristiques en Europe occidentale et en vinrent à être considérées comme un ingrédient essentiel dans une longueur d’avance économique exceptionnelle. »

Traduction de l’article original : Maïa Dereva – Image : Andrew Taylor.

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