Entretien de Michel Bauwens avec Julien Reynier et Fabrice Clerc de l’Atelier Paysan

L’Atelier Paysan est une coopérative française qui conçoit avec les paysans des machines et des bâtiments adaptés aux pratiques spécifiques de l’agroécologie paysanne. En plus de diffuser les plans en libre sur son site Internet, l’Atelier Paysan organise l’hiver des sessions de formation autoconstruction, pendant lesquelles les agriculteurs se forment au travail des métaux et construisent un outil avec lequel ils repartiront sur leur ferme. L’Atelier Paysan participe à la souveraineté technologique des paysans en leur permettant de développer une autonomie par la réappropriation des savoirs.

 

Michel Bauwens : Quelle a été la genèse du projet Atelier Paysan ?

Les “planches” de culture en maraîchage sont les bandes de terres sur lesquelles on cultive. Généralement, on ne fait pas attention au passage des roues du tracteur qui compactent le sol. L’année suivante, les agriculteurs peuvent cultiver sur ces traces. L’idée des “planches permanentes” est de former des planches de culture pérennes de manière à ce que les roues du tracteur passent toujours au même endroit. Il faut des outils pour former ces planches en buttes (les cultures sur buttes se réchauffent mieux au soleil, gardent mieux l’humidité, drainent mieux l’eau).

Julien et Fabrice : le projet est né en 2009 de la rencontre de Joseph Templier, maraîcher bio auto-constructeur du GAEC “Les Jardins du Temple” en Isère (au sud-est de la France, proche des Alpes), avec Fabrice Clerc, alors technicien de l’association de développement local de l’agriculture biologique Adabio, créée  en 1984 pour aider à améliorer les pratiques, trouver des ressources, partager des savoirs….

Joseph utilisait avec ses collègues sur la ferme des outils très pertinents pour travailler le sol, notamment adaptés à une technique culturale innovante appelée “planches permanentes”. Beaucoup de jeunes agriculteurs venaient se former aux techniques, au système, à l’organisation des “Jardins du Temple” pour les reproduire sur leur ferme, dans leur projet d’installation. Dans le même temps, Fabrice se déplaçait beaucoup de fermes en fermes sur la zone Rhône Alpes pour recueillir et diffuser des savoirs et savoir-faire paysans.. L’idée de Fabrice et de Joseph a alors été de pouvoir essaimer largement les outils inventifs utilisés sur cette ferme, bricolés et assemblés à partir de matériaux de récupération, de vieux outils réaménagés. Pour cela, il a fallu faire un peu de standardisation, pour être en mesure de publier des plans dont on peut construire l’outil à partir de pièces et accessoires que l’on peut trouver chez n’importe quel quincaillier.

 

MB : votre approche semble très pragmatique. Pourtant quand je lis les textes de votre site internet, c’est aussi une démarche très pensée (approche philosophique, politique,…). Comment êtes-vous passés d’une approche à l’autre ?

J&F : nous avons posé des mots pour dire ce qui était en train de se réaliser. Un certain nombre de paysans des Alpes concevaient de manière isolée leurs propres machines, adaptées à leurs contextes. Nous avons recensé et compilé tout ça dans un guide. Dans le processus de construction de ce guide il nous a semblé utile de caractériser notre démarche : d’abord le recensement d’innovations sur le terrain, puis répondre à la question ”quel sens ça a tout ça ?”. Pourquoi traditionnellement ces innovations ascendantes sont-elles sous-traitées à l’industrie de production des équipements et pourquoi le monde paysan s’est-il effacé des processus de conception ? Alors que le paysan et l’artisan du village concevaient autrefois ensemble les machines nécessaires. Le paysan a disparu de la chaîne d’innovation.
Il n’y a pas que dans le domaine paysan que cela se produit : il est possible de faire des ponts avec d’autres dynamiques dans d’autres activités comme les ateliers de bricolage partagé, et d’envisager le Do It Yourself du point de vue de la construction humaine/sociale. Par exemple, à Grenoble une dizaine d’ateliers de travail du bois avec mise à disposition des machines outils, ou des initiatives d’auto-rénovation de logements. Ce sont des facteurs d’émancipation, d’inclusion, de réinsertion sociale. Depuis 6 ou 7 ans, nous réfléchissons beaucoup à l’ensemble de ces questions. Nous n’avons pas envie de simplement faire des machines. C’est une expérience totale qui consiste à penser le geste quotidien et dans quelle démarche politique il s’inscrit.

Le discours politique vient traduire une demande sociale de terrain très forte. Le guide de l’auto-construction est le premier ouvrage que nous avons publié en 2012. C’est la somme du premier recensement sur le terrain de seize machines adaptées au maraîchage biologique.

Ces machines, qui sont low tech (construction, conception) font appel à un très gros savoir faire artisanal. Elles ne souffrent pas la comparaison avec les machines high tech. Nos machines sont trois à quatre fois moins chères pour une efficacité égale ou supérieure à celles du commerce. Pourquoi cette recherche d’autonomie n’est-elle pas plus mise en valeur ? Il s’agit-là de la question de la souveraineté technologique des paysans.

C’est quelque chose qui revient à la mode, réapproprié par le milieu militant paysan. Le mot « paysan » était jusqu’au années 1980 un gros mot utilisé pour disqualifier. Aujourd’hui au contraire ça désigne quelqu’un qui n’est pas seulement un extracteur de matières premières agricoles, mais qui fait partie d’un terroir, qui est connecté à un écosystème et à une vie sociale. Le mot « agriculteur » correspond à l’invention d’une profession spécialisée, segmentée. Aujourd’hui on dit même “producteur”, “exploitant”, ou “chef d’exploitation”. Les logiques industrielles, économicistes envahissent l’agriculture.

 

MB : quels sont les développements du projet aujourd’hui ?

J&F : la démarche est ouverte à tout le champ de l’agriculture biologique et paysanne à taille humaine. Elle a commencé autour du maraîchage biologique, mais elle s’ouvre aujourd’hui à toutes les filières : arboriculture, élevage, viticulture…

Par exemple, nous pouvons accompagner la re-conception des bâtiments d’élevage, de stockage. Pour les maraîchers qui veulent ajouter à leur production un peu d’élevage de volaille, nous travaillons aussi autour de la question des bâtiments mobiles.

En fonction des demandes des groupes de paysans sur le terrain, notre plateforme de ressources va s’activer pour co-concevoir les outils adaptés aux pratiques spécifiques d’une agriculture biologique et paysanne. On veut que ces outils puissent servir aussi aux agriculteurs conventionnels pour les accompagner vers une démarche plus autonome et plus économe. On apparaît de plus en plus crédibles parce qu’on a vocation à être un outil à disposition de tous les agriculteurs. La plupart de nos usagers sont déjà dans cette démarche là, mais les principes techniques développés visent à ce que les agriculteurs conventionnels ne soient plus effrayés par les techniques exigeantes, riches en savoir-faire, de l’agroécologie paysanne.

Le projet a démarré en 2009 à l’ADABIO, une association locale de producteurs bio, mais très rapidement la démarche a pris une telle ampleur qu’on a créé en 2011 une association transitoire qu’on a converti en coopérative en 2014 : L’Atelier paysan. Cette aventure humaine laisse une très grande place à la rencontre. A chaque rencontre, on a fait des pas de côté, des sauts de puce ou des grands sauts. On est aujourd’hui 11 permanents, et pas mal de saisonniers, ainsi que des volontaires en service civique. Chacun vient avec ce qu’il est. La démarche est très liée à ce que chacun y apporte. Nous sommes très attentifs aux demandes qui nous parviennent, et nous en avons de plus en plus !

 

MB : quel est votre modèle économique ?

J&F : Nous fonctionnons à 65% par auto-financement et 35% de financements publics. Selon nous, ces derniers représentent des contributions normales à notre effort de production et de diffusion de biens communs. Nous estimons que nous sommes dans le champ de l’intérêt général et que les collectivités doivent participer. Malheureusement, avec la droite réactionnaire arrivée au pouvoir dans beaucoup d’endroits, ces soutiens ont été considérablement réduit.

Nous sommes cependant relativement plus à l’abri que d’autres structures parfois subventionnées à 80%. Les 65% d’auto-financement viennent de notre activité de formation autoconstruction. En France il existe des fonds communs de formation professionnelle qui peuvent prendre en charge le coût des formations. Nous réalisons également une marge sur les commandes groupées pour les approvisionner les stages.

Nous allons lever des fonds de plus en plus auprès des citoyens : si on souhaite changer le modèle agricole / alimentaire, l’ensemble de la société est concerné. C’est pourquoi nous avons mis en place un partenariat avec un fond de dotation Citoyens Solidaires en capacité de récolter des dons et de les défiscaliser. C’est un dispositif qui permet aux citoyens de choisir là où va une partie de leurs impôts. Nous souhaitons sensibiliser les citoyens à nos travaux pour qu’ils soient amenés à contribuer à la souveraineté économique de l’Atelier paysan

 

MB : Quel est votre relation avec d’autres mouvements paysans ou sociaux ?

J&F : l’Atelier Paysan se positionne comme un des acteurs du projet alternatif alimentaire, un outil supplémentaire de l’économie sociale et solidaire agricole
En tant qu’activistes de ce milieu, nous avons naturellement voulu nous associer avec les structures qui représentent le milieu agricole, pour se faire connaître, pour qu’ils relaient nos informations, nos contenus techniques et pour brasser nos différents usagers. De plus, la question de la machine agricole n’était que très peu traitée par les structures existantes.

Par ailleurs nous avons une activité de sensibilisation, notamment depuis un an via l’association Inpact qui réunit une dizaine d’associations au niveau national. Nous avons été porteurs de la question de la souveraineté technologique des paysans dans ce cadre, en particulier pour documenter et dénoncer d’une part le sur-dimensionnement de l’outil de production des fermes, et d’autre part, l’introduction de la robotique, du numérique, avec un programme, des moyens, du financement public, et l’appui des milieux techno-scientifiques.

Au niveau international, nous sommes dans le réseau Via Campesina. Nous avons participé au 2e forum de Nyéléni sur la souveraineté alimentaire (en octobre 2016 en Roumanie) où nous avons évoqué les agroéquipements en disant qu’il ne peut pas y avoir de souveraineté alimentaire sans souveraineté technologique paysanne.

Au forum nous y avons rencontré des espagnols, des roumains, des autrichiens, des tchèques, des hongrois, qui sont très intéressés par les questions autour de l’outil de travail des paysans. Nous avons montré une exposition avec des dessins, des fiches techniques qui ont vraiment interpellé les gens. Ce n’était pas spécialement un champ d’exploration de ces militants, et là, quelque chose s’est passé. Personne en Europe n’a encore mis en place une plateforme comme celle de l’Atelier paysan qui permette de documenter, disséminer la connaissance (fiches techniques, formation auto-construction…).

Nous sommes allés au Québec en janvier 2014 pour organiser une première formation autoconstruction en Amérique du Nord, avec la CAPÉ (Coopérative d’Agriculteurs de Proximlité Écologique) et l’EPSH (École professionnelle), autour du vibroplanche (maraîchage en planches permanentes). Désormais, ils programment de manière autonome des stages d’auto-construction à partir des outils partagés sur notre site internet.

Aux Etats-Unis, nous sommes en lien avec Farm Hack issue de l’organisation Greenhorns, elle-même issue d’un syndicat de jeunes paysans, le NYFC. Ils partagent des astuces sur le machinisme adapté via des hackatons et open-bidouille camps. Ils n’ont pas encore organisé la formation.

Nous avons également des échanges avec le Land Workers Alliance (adhérent de Via Campesina) en Angleterre : il y a 2 ans, ils ont organisé le premier événement Farmhack où nous sommes allés présenter nos travaux.

Chez nous, un agriculteur peut venir en formation et construire son outil : ça ne lui coûte pas très cher grâce aux fameux fonds de formation et aux commandes groupées de matériaux et accessoires. Le travail des métaux, les usages des outils (espèce de service après vente), les repartages (en utilisant la machine et en l’adaptant à leur contexte sous forme de versioning) : c’est toute cette méthodologie que l’on a envie de partager. Il y a un contexte très spécifique en France qui fait qu’une structure comme la nôtre peut s’appuyer sur des aides publiques encore importantes et des fonds professionnels mutualisés pour payer les stages (ce n’est pas le cas aux USA par exemple qui doit s’appuyer sur des fonds privés).

De manière générale, notre démarche est totale, c’est ce qui est excitant dans cette aventure. On se donne les moyens de faire avancer cette démarche, nous-mêmes et avec les autres acteurs. D’un point de vue pratique, à un c’est bien, mais à plusieurs on va largement plus loin. On peut penser des questions d’ordres politiques, économiques, ce qui est un facteur d’accélération et d’efficacité. La question de la machine agricole est un impensé politique et scientifique. Dans l’ensemble, sur tout un tas de questions qu’on pose, il n’y a pas de production scientifique. Le 5 avril prochain nous organisons un séminaire sur la souveraineté technologique : nous avons peiné à trouver des interlocuteurs qui se sont déclarés eux-mêmes incompétents. Ce sont des questions auxquelles ils n’ont jamais été confrontés.

 

MB : Que pensez vous des “communs” en tant que concept politique ?

J&F : Nous souhaiterions être plus avancés sur cette question des communs. Nous partons du principe que la question de l’alimentation, comme l’eau potable, l’air que l’on respire, la biodiversité, sont des communs indispensables à protéger. Par ricochet, les moyens pour y parvenir (les savoir-faire, les terres agricoles, les communaux, les techniques…) doivent être par définition des communs puisqu’il s’agit de la survie de notre espèce. Tous les savoir-faire et les savoirs des paysans ne sont pas venu ex nihilo : ils sont issus de partages, de mise au pot commun, d’innovation partagée, ouverte. Nous voyons comme un scandale toute velléité de confisquer à des buts de rentabilité personnelle des solutions technologiques qui pourraient participer à une autre alimentation.
C’est une question que nous explorons et à laquelle nous essayons d’être attentifs.

Nous sommes attentifs aux régimes juridiques compatibles avec cette question des communs, aux licences libres, à ce qui pourrait le mieux traduire cette volonté de partage de connaissance que nous enrichissons par notre communauté d’usagers. Si nous utilisons des Creative Commons, nous sommes toujours en recherche de la licence qui exprimerait le mieux cette volonté de partage.

Le terreau de départ de nos travaux, ce sont les outils développés par Joseph : il a beaucoup participé à l’émergence de ces communs. Mais s’il a bricolé seul des machines, il les a réfléchi avec un groupe de travail de paysans qui souhaitaient adopter la technique cultural innovante des planches permanentes. Ses machines sont conçues dans un collectif. C’est donc le résultat de tout un tas de visites, de picorages des savoirs et savoir-faire chez ses pairs. Il avait le talent et l’énergie pour imaginer et fabriquer ces machines. C’est sa manière de contribuer, comme d’autres militants.

 

MB : Comment voyez-vous le changement social ? L’atmosphère politique n’est pas très positive pour le changement que nous souhaitons. Vous imaginez-vous travailler dans un “milieu hostile” ? Y a-t-il un complément poltique à votre travail ?

J&F : Il y a une question d’éducation populaire. La première marche du document sur la souveraineté technologique des paysans va participer à infuser les idées auprès des usagers, les partenaires politiques, etc… Certains participants à nos formations ne mettent pas beaucoup de temps pour s’approprier les idées/techniques et les diffusent eux-mêmes.

Nous commençons aussi à avoir pas mal de retours de chercheurs/penseurs, qui nous félicitent d’être venus sur cet impensé. C’est bien notre but car on ne va pas pouvoir tout produire : études scientifiques, pensée politique… Quels partenariats peut-on monter pour faire des communs de communs sur ces sujets ? On trouvera des épaules supplémentaires au gré des rencontres. On n’a pas de stratégie. Il n’y a rien de plus fort que le terrain pour diffuser notre manière de faire. Le raz de marée sera moins important, il n’y aura pas de buzz médiatique, pas de joli teaser sur fond de musique country, mais c’est beaucoup plus puissant. Quand les gens ont goûté à cette capacité d’auto-détermination, il y a une espèce de palier sans retour en arrière possible.

 

MB : Y-a-t’il des projets similaires au vôtre mais que vous critiquez et si oui pourquoi ?
J&F : Nous sommes assez éloignés d’un courant porté par un individu comme Open Source Ecology US avec une belle bande annonce mais qui ne nous semble pas ancré dans le réel. Aucune des machines ne fonctionne réellement… C’est un processus d’innovation descendant qui n’implique pas des usagers concrets. Ce sont des ingénieurs qui imaginent des choses un peu tout seuls.

Nous prenons aussi certaines distances avec les fablabs qui peuvent être des creusets à startups plutôt que d’éducation populaire. Pour nous, un fablab doit être un lieu d’éducation populaire et non pas d’expérimentation technologique à bas coût pour l’industrie.

Nous sommes à Grenoble, le berceau des nanotechnologies. Ici, le fablab est financé par l’industrie et des technologies de pointe. Il y a donc fablab et fablab… (travail du bois, engins à pédales,…), et ils sont en général inversement médiatiques à la qualité de ce qui est produit.
Il faut du financement pour faire fonctionner un fablab. En 2013, ceux qui ont gagné l’appel à projet du Ministère de l’économie numérique ne sont pas ceux qui font de l’éducation populaire. Comment financer l’intérêt général ?
Plus largement, si l’on entend par fablab des laboratoires d’innovation ouverte et partagée dans des démarches humaines, il y en a des dizaines de milliers en France. Il y a des écocentres, des tiers-lieux, des associations qui accompagnent à l’auto-construction, d’autres qui font de la réparation de vélos, de l’innovation sociale, humaine, économique. Ils ne sont pas forcément sur le champ de la haute technologie et sont moins médiatiques, mais ils travaillent sur des questions nécessaires.

 

MB : Où vous voyez-vous dans 10 ans ? Comment pensez-vous que sera le monde dans lequel vous allez évoluer ? Est-que vous vous projetez dans “l’arène globale” et si oui/non, pourquoi et comment ?

J&F : Le constat, c’est qu’aujourd’hui en janvier, nous ne savons pas trop où nous en serons à fin décembre. Cela s’est vérifié depuis le début de l’aventure. Nous sommes dans de l’exploration, et c’est très difficile de savoir où nous en serons même dans 3 ans.
Au bout de 5 ans nous avons déjà dépassé nos rêves d’il y a 3 ou 4 ans…!
Nos dynamiques collectives explosent, économiquement il va nous falloir trouver plus de moyens car humainement nous ne pourrons pas aller beaucoup plus loin
Nous refusons du travail tous les jours !
Une des pistes intéressantes à l’échelle de 3 ou 4 ans est de monter un centre de formation en propre sur une ferme avec un atelier centre de formation conforme à nos besoins, une plateforme logistique, une salle de cours, des bureaux, des garages, et des hébergements.
Pourquoi une ferme ? Pour avoir les pieds dans le sol, un vrai support d’expérimentation et un outil de travail à la hauteur de nos besoins. Aujourd’hui nous fonctionnons avec la frugalité de nos moyens, mais nous avons des pistes d’améliorations de nos travaux.
Dans les années qui viennent, au delà des concerts de rock à la meuleuse que nous avons organisés lors de nos Rencontres en juin 2016, nous avons des projets pour explorer une illustration de nos travaux au travers de l’art contemporain.

Parmi les perspectives, nous imaginons un réseau européen autour de la souveraineté technologique. Dans le milieu des associations de développement, de coopération internationale, il y a déjà cette idée depuis les années 70 autour des technologies appropriées : se réapproprier, aller vers la convivialité, connecter, tisser des liens partout en Europe pour qu’il y ait plus d’échanges entre nos différents pays.

Notre aventure n’est pas sans effort. Une partie de ce qui nous fait tenir c’est qu’on ne se refuse pas la poésie, le plaisir, être comme on est. Nous explorons à fond et de manière entière les pistes et les horizons qui s’offrent à nous.
Un des objectif pour lequel nous estimons être sur la bonne voie est le suivant : alors qu’en France le développement local a toujours été spécialisé, les choses se décloisonnent réellement aujourd’hui. Si on pense les choses de manière plus globale, on participera à développer quelque chose de plus riche, plus puissant et durable. Ce qui fait notre force c’est que nous maîtrisons toute la chaîne : du bricolage au niveau politique et collectif.

Nous sommes plein d’énergie : notre volonté c’est de témoigner pour dire que les champs que nous explorons avec les méthodologies que nous employons peuvent s’appliquer sur tout un tas d’autres choses.

Propos recueillis par Maïa Dereva

Photo : Axel Poisson-Courtial CC BY NC SA