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Délicate transition – De l’émergence à la convergence

Christine Marsan

Editions : ACATL Publishing, Juin 2017

Préface de Michel Bauwens

Tous les cinq ou six siècles, il semblerait que la société européenne change assez fondamentalement de « régime de valeur ». Valeur au sens économique, mais surtout aussi « valeurs », c’est-à-dire les grands principes qui guident et orientent la vie humaine, individuelle et sociale. Au XIe siècle, sous l’impulsion d’une grande mobilisation populaire dans le sud de la France (le mouvement de la Paix de Dieu), un nouveau contrat social établissait les bases du régime féodal. Désormais, la richesse ne viendrait plus de la violence conquérante, mais du surplus de la terre. Mieux connu, fut le grand changement social, technologique et religieux qui commença au XVIe siècle, et qui établissait encore une fois un nouveau régime de valeur, celui de la marchandise, et qui deviendra, à partir du XVIIIe siècle, le capitalisme conquérant.

Nous sommes de retour à l’aube de grands chambardements, et cette fois-ci à l’échelle de la planète entière. Le règne de la marchandise, qui a quasiment envahi toute la vie humaine, qui a fini par sérieusement mettre en danger notre planète, tout en créant des inégalités insupportables, est remis en cause par l’avènement d’un nouveau système de valeurs.

Au niveau de la valeur « économique », ce changement est peut-être le mieux analysé par le philosophe de la technologie Bernard Stiegler. Il présente le concept de l’émergence d’une économie contributive, une économie de la contribution. En effet, les technologies de réseaux ont créé une nouvelle réalité organisationnelle qui permet l’émergence de grands systèmes ouverts basés sur la contribution, et qui rendent possible la « production entre pairs ». Désormais, au cœur même du capitalisme, nous voyons des grands communs se partager. C’est-à-
dire des contributeurs – et non du travail-marchandise – mutualisent la connaissance et les ressources nécessaires à la production, dans des communs de la connaissance (logiciels et conceptions en mode open source, c’est-à-dire non propriétaire marchand), et donc plus la sacro-sainte forme marchande.
La grande question est aujourd’hui : qui va manger qui ? Est-ce que le capitalisme va coopter ces nouvelles formes ? La réponse est oui, tout comme les nouvelles formes féodales et capitalistes ont d’abord servi à prolonger la vie des systèmes antérieurs qui étaient entrés en crises. Mais dans le long terme le régime « extractiviste » (qui réalise des extractions), qui détruit les conditions mêmes de la vie humaine, touche à sa fin. Une nouvelle lutte s’impose. De nouvelles formes sociales et même entrepreneuriales (c’est important, car nous devons pouvoir vivre de nos contributions aux communs) doivent aujourd’hui penser aux processus inverses.
Comment recycler les vastes ressources qui sont contrôlées par la sphère financière, pour son propre développement autonome ? La vraie lutte civilisationnelle n’est effectivement pas une question de partage du gâteau économique, mais la nouvelle définition de ce qu’est aujourd’hui la « valeur ».

Toutefois, la valeur économique n’est évidemment qu’un des aspects de ce grand changement de paradigme, que nous avons besoin de comprendre dans toute sa complexité et son intégralité.
Nous avons donc besoin de guides qui nous aident à penser et à agir, en nous offrant des cadres et des concepts pour pouvoir nous orienter. C’est bien le mérite de cet ouvrage de Christine Marsan, qui nous apprend tout d’abord à bien voir ce qui se passe, c’est-à-dire voir l’émergence tout à fait concrète de ce nouveau modèle.
Mais au-delà de ce foisonnement d’initiatives, surtout civiques cette fois-ci -car dans le nouveau modèle, c’est bien la sphère citoyenne qui devient productive de la valeur-, nous voyons aussi une trop grande fragmentation.
Comment trouver au-delà de cette riche diversité, une convergence des efforts ? Pouvons-nous co-créer des récits communs qui nous aident, non pas à suivre des directives « d’en haut » (hiérarchiques et pyramidales), mais bien à nous coordonner librement, et faire en sorte que nos efforts se renforcent les uns avec les autres, pour en faire non seulement une grande variété d’alternatives, mais bien surtout, un nouveau « système ». Un sous-système demain, pour devenir le cadre de la nouvelle civilisation de l’après-demain.

Ce qui a toujours manqué aux forces progressistes et émancipatrices, c’est une fine connaissance de la complexité psychologique. Ce manque est comblé ici par l’introduction que nous offre Christine Marsan, aux compréhensions de la nouvelle psychologie intégrale, qui nous explique les différents référentiels de valeurs, complexes car interpénétrés. Selon les groupes humains, certains référentiels sont dominants et peuvent freiner ou aider, la transition. Aucun changement dans le monde objectif des choses et des systèmes, ne peut être, en effet, mené à bien sans changement subjectif, aussi bien à l’intérieur de nous-même (le subjectif), qu’entre nous-mêmes, (c’est-à-dire l’intersubjectif).
Voilà le grand chantier qu’ouvre ce livre important.

La question essentielle est donc bien, que pouvons-nous faire pour transcender les obstacles psychologiques que la machine infernale et marchande a créés dans nos âmes, et qui nous bloquent pour être plus engagés dans cette transition nécessaire et inévitable ? Car ne nous faisons pas d’illusions, nous n’avons plus de temps, tout au plus 20 ans, pour limiter les catastrophes écologiques qui se préparent.

Notre « équipement humain » doit être à la hauteur des changements auxquels la survie de la planète et de l’humanité tout entière nous appelle.
Suivons-donc le guide !

Sommaire de l’ouvrage

  • Première partie
    • Chapitre 1 : Le changement de paradigme
    • Chapitre 2 : L’évolution des paradigmes en sociologie
    • Chapitre 3 : Les étapes de la RenaiSens
  • Deuxième partie
    • Chapitre 4 : Les citoyens entrent dans la danse
    • Chapitre 5 : L’évolution de la conscience humaine : la spirale dynamique
  • Troisième partie
    • Chapitre 6 : Les freins psychologiques au changement
    • Chapitre 7 : Les freins à l’évolution de la société
    • Chapitre 8 : Mise en perspective des paradigmes et typologies des acteurs de la mutation
    • Chapitre 9 : Les caractéristiques de notre transition : vers la convergence
  • Quatrième partie
    • Chapitre 10 : La coopération, vecteur de transition
    • Chapitre 12 : Du désenchantement au réenchantement du monde
    • Chapitre 13 : Le processus d’individuation

Le Pair-à-Pair, nouveau modèle de société centré sur les communs

Nous republions cet article publié par La Revue du Cube, avec leur aimable autorisation.

Il s’agit d’une synthèse de l’ouvrage Manifeste pour une véritable économie collaborative de Michel Bauwens et Vasilis Kostakis (Éditions Charles Léopold Mayer, 2017)

Avec l’avènement du numérique, notre société connaît une transformation dont la profondeur est inédite depuis les débuts du capitalisme observés par Marx. Les relations de production et d’échanges sont bouleversées, et prennent peu à peu la forme d’une nouvelle dynamique : le pair-à-pair (P2P).

Historiquement, le pair à pair existe depuis que les humains s’organisent en société et fut même pendant longtemps la forme dominante de relation dans les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs. Il s’est peu à peu effacé au profit des organisations claniques puis avec l’apparition des systèmes étatiques. Dans notre imaginaire moderne, le P2P est un mode d’organisation de systèmes informatiques au sein duquel les connexions d’un réseau se créent d’un commun accord entre « pairs ». Ce mode d’organisation a été popularisé sous la forme de partage de fichiers vidéo ou audio, mais il est également constitutif d’une partie de l’infrastructure du net lui-même. En supposant que derrière chaque ordinateur du réseau se trouve un être humain, il est alors possible de faire un saut conceptuel pour considérer à nouveau le P2P comme un mode d’interactions sociales dont la logique retrouve un rôle très important.

Avec la capacité de se relier les uns aux autres grâce à Internet, le P2P devient ainsi une dynamique relationnelle favorisée par une potentialité technologique grâce à laquelle chacun peut désormais collaborer librement, sans autorisation ni lien de subordination, et partager des ressources dans lesquelles les contributions sont acceptées a priori, puis évaluées a posteriori sans que cela s’accompagne de mesures de coercition sur le travail. Il crée un potentiel de transition vers une nouvelle forme d’économie générative équitable (où la redistribution de la valeur créée est plus juste), durable (où la création de valeur est compatible avec la pérennité de notre environnement naturel) et ouverte (où le savoir et les ressources sont partagées). Yochai Benkler (2006) a appelé cette nouvelle voie de création et de distribution de valeur la « production par les pairs basée sur les communs ».

Le P2P permet donc de développer une distribution des ressources où la réciprocité n’est plus recherchée dans la relation d’un individu à un autre, mais entre chaque individu et la ressource elle-même. Ce type de production a la particularité d’être fondée sur une motivation principale : le désir de créer quelque chose qui soit directement utile aux autres contributeurs en créant une valeur d’usage, et non une valeur d’échange. C’est ainsi que se construisent des « communs », ressources partagées, co-gouvernées par leurs communautés d’utilisateurs selon les règles et les normes de ces communautés qui sont ouvertes à quiconque a les compétences requises pour contribuer au projet commun, en étant rétribué ou non. Dans cette nouvelle sphère, on trouve à la fois des biens dit « rivaux » dont on ne peut pas profiter tous en même temps sans tenir compte de leur finitude (comme les biens naturels que sont l’eau ou la terre), et des biens « non rivaux » que l’on peut utiliser sans les épuiser (comme le savoir, les œuvres culturelles, les logiciels,…).

C’est ainsi que se met en place un nouvel écosystème de création de valeur dans lequel se côtoient des communautés productives qui produisent des ressources partageables, des coalitions entrepreneuriales qui essaient de générer des profits via des activités organisées autour des ressources communes, et des associations à bénéfice social dont le rôle est de protéger les communs, de s’assurer de la pérennité des infrastructures, et de soutenir la coopération. Et s’il fallait se convaincre qu’une nouvelle dynamique est bien à l’œuvre au cœur même de l’économie capitaliste, il existe de nombreux projets, comme l’annuaire P2PValue, qui cartographient et valident l’existence de cette émergence de dynamiques ayant pour point commun de combiner des processus de contributions ouvertes, de gouvernance participative et des processus orientés vers la production de communs.

Ce n’est pourtant pas notre propos d’affirmer que les technologies P2P sont nécessairement propices à un développement social harmonieux. Bien entendu, selon le groupe social qui s’en empare, l’utilisation d’une technologie peut-être sous-tendue par des objectifs différents, ce qui en fait un enjeu de lutte sociale. Nous axons notre observation sur les possibilités d’évolution de la société vers un modèle génératif ouvertes par ces technologies en réseau, tout en analysant les manières de dépasser le modèle extractif global qui s’empare des technologies P2P pour en faire une forme de capitalisme netarchique et centralisateur prompt à posséder et contrôler les plateformes participatives. En effet, si Internet est le lieu du développement tous azimuts des formes de commerce classique sous couvert d’une pseudo économie collaborative, il crée aussi une véritable opportunité de transformation sociale en favorisant le passage à grande échelle de la communication, de la coordination et des coûts de transaction tout en préservant les dynamiques des petits groupes.

Des exemples comme Wikipedia, qui a littéralement supplanté les encyclopédies commerciales, ou Linux, qui a massivement remplacé les logiciels propriétaires, montrent à quel point les formes d’organisation reposant sur des mécanismes de coordination mutuelle sont en mesure de créer des produits qui s’insèrent naturellement dans le marché capitaliste, opérant une sorte d’hybridation qui fertilise les formes dominantes de marché. Même si la production par les pairs basée sur les communs ne peut pas se substituer du jour au lendemain à tous les processus de production, et si certaines infrastructures (comme peut-être l’approvisionnement en eau) peuvent rester centralisées, on peut tout de même imaginer que les communs finissent par coloniser et adapter les formes d’État et de marché à leurs propres intérêts, dans un phénomène de reconfiguration des équilibres où le couple de régulation hiérarchie/prix serait progressivement remplacé par des mécanismes de coordination mutuelle.

Pour autant, le P2P ne constitue pas une panacée universelle. Il est fort probable que, comme pour toutes les transitions précédentes de notre histoire, le désordre préside à ce changement de société. Nous soutenons toutefois que même s’il ne devient pas la forme dominante, il influencera profondément le fonctionnement de nos sociétés, dans ses formes les plus vertueuses, comme dans celles qui nous semblent plus contestables. Il nous paraît en effet évident que le modèle économique netarchique, incarné par Facebook, Uber ou Bitcoin, et les modèles axés sur les communs que sont Wikipédia ou les projets de logiciels libres, n’ont pas les mêmes conséquences sociales ni environnementales.

La production par les pairs basée sur les communs, où les contributeurs partagent la valeur créée à travers des systèmes contributifs ouverts, peut être décrite comme un cycle d’accumulation de communs comparable à celui de l’accumulation du capital. Ce prototype de nouvelle forme de société, tout en étant encore très dépendant du capitalisme, représente aussi un potentiel de transcendance de ce dernier par la résolution de ses problèmes structurels, notamment parce qu’il apporte un véritable avantage concurrentiel et la possibilité d’économies massives sur les investissements. Et tandis que le marché injecte des capitaux dans les projets P2P, il est progressivement colonisé par leurs pratiques et leurs valeurs dans un curieux processus qui consiste simultanément à apprivoiser et à saper sans hostilité le capitalisme.

A l’inverse, pour que la nouvelle classe de « commoneurs » se dégage progressivement des investissement et des pratiques capitalistes pour devenir financièrement viable et indépendante, il lui faut opérer ce que Dmytri Kleiner et Baruch Gottlieb ont appelé le « transvestissement », c’est-à-dire une stratégie de cooptation inversée qui consiste à transférer une modalité vers une autre en s’emparant du capital pour l’utiliser à leur propre développement. Cette stratégie peut être mise en œuvre par des coalitions d’entrepreneurs qui construisent des services et des produits à valeur ajoutée autour des communs immatériels librement accessibles, tout en mettant en place des mécanismes de réciprocité dans la sphère de la production physique. Ce fonctionnement multimodal peut d’ailleurs être comparé à celui des guildes du Moyen-Âge qui vendaient leur production sur le marché externe (à noter que, contrairement à aujourd’hui, cela se pratiquait dans le cadre d’une politique de “juste prix”), mais qui fonctionnaient en interne comme des fraternités au sein desquelles existaient des systèmes de solidarité mutuelle.

Si cette stratégie fonctionne, et si l’on passe de l’observation des pratiques existant à un niveau micro à une vision de la nouvelle forme sociale à part entière que ces pratiques portent en elles-mêmes, on peut alors envisager un passage vers une économie post-capitaliste où le P2P serait à la fois un mode relationnel, un mode d’échange, une infrastructure socio-technologique et un mode de production. Dans ce nouveau modèle sociétal mettant les communs, le bien collectif et l’autonomie au centre des institutions, la société civile deviendrait productive via la production collaborative de valeur à travers les communs, le marché deviendrait « éthique » car les pratiques économiques génératives y prédomineraient, et le rôle de l’État, devenu partenaire, consisterait à favoriser cette économie contributive, notamment en garantissant l’équipotentialité contributive et l’autonomie de tous les citoyens.

Michel Bauwens et Maïa Dereva

 

Murmurez Frénétique : festival contributif

La quatrième édition du Festival Murmurez Frénétique durera quatre jours en septembre 2017.

Un festival contributif rassemble des individus libres d’intervenir et d’agir au service de la structure collective . Ceux-ci participent autant à générer des contenus qu’à les recevoir , de la même manière que sur l’encyclopédie libre Wikipédia c’est-à-dire sans se justifier de prérequis quelconque ; tout le monde peut participer .

Cette structure s’est beaucoup inspirée du monde virtuel pour s’établir comme une plateforme organisée. Toutefois le festival dépassera le cadre de l’informatique ou de l’art numérique pour se réaliser sur scène, derrière les pupitres, les cuisinières ou en exposition.

En réalité le festival murmurez Frénétique a toujours été contributif ; nous avons toujours cru en la capacité qu’a chaque personne à créer et offrir du beau, de l’original ou de l’intelligence. Après nous êtres aperçus de la similitude entre nos pratiques et celles d’autres organismes – culturels ou non – nous nous sentions d’assumer cette dénomination qui est plus globale.

Ayant vocation à faire des passerelles là où il n’y en a d’ordinaire pas, nous avons donc pris la décision d’élargir les disciplines représentées via 4 pôles de programmation :

  • Les arts de la scène et numériques
  • La gastronomie
  • Le progrès technologique, scientifique
  • L’information et le débat argumenté

Ces 4 pôles constituent un microcosme cohérent, un petit monde en soi au sein duquel chacun peut s’identifier, concrètement ou abstraitement, de manière créative ou pratique.

Ces disciplines sont toutes étiquetées comme des « sujets d’experts » à propos desquels aujourd’hui, nous n’osons plus donner notre avis.

Pourtant, ces problématiques nous concernent tous. S’en emparer, c’est réveiller notre curiosité, nos goûts et notre personnalité à travers la prise de position. L’être humain à qui l’on expose tel ou tel échantillon d’intelligence ne peut s’empêcher de vouloir comprendre. Notre cerveau travaille parfois seul et les retombées de ces échanges sont
exponentielles, elles créent de la citoyenneté.

Lors du festival ces pôles seront représentées de façon distincte. Les disciplines et thématiques étant relativement différentes, les spectateurs sont invités à se poser des questions et sont eux-mêmes libres d’établir des connexions entre chaque pôle.

Pour en savoir plus, téléchargez le programme… (PDF)

Home for less : solutions de relogement de personnes sans abri dans des bâtiments vides

Le projet « Home for Less » a pour objectif de mettre à la disposition de personnes sans abri des modules de logement conçus et réalisés par 45 étudiant.e.s architectes.

Désireux de proposer des solutions concrètes pour lutter contre le sans abrisme et l’exclusion au logement, quatre partenaires ont décidé d’unir leurs compétences et expertises spécifiques autour d’un projet visant la réhabilitation d’espaces inoccupés au bénéfice de personnes exclues du logement.

Partant du fait saillant que de plus en plus de personnes en situation de précarité vivant sur le territoire de Bruxelles-Capitale se voient, à titre temporaire ou plus durablement, exclues du logement, l’asbl L’Ilot, porteuse du projet, a décidé de lancer le projet HOME for LESS.

L’Ilot ne cesse de constater que de nombreux immeubles sont vides dans la capitale bruxelloise, mais pourraient, par une action conjointe entre professionnels du social et de la brique, être remis sur le marché locatif. C’est ainsi que L’Ilot et ses partenaires, ont décidé d’unir leurs compétences et expertises spécifiques autour d’un projet visant la réhabilitation d’espaces inoccupés au bénéfice de personnes exclues du logement.

Porteurs de projet :

  • A travers des projets et services de terrain multiples, L’Ilot asbl et L’Armée du Salut ont pour mission l’accompagnement de personnes sans abri. Début 2015, L’Ilot, avec l’appui du secteur de lutte contre le sans-abrisme, a conçu et développé une cellule régionale bruxelloise (Capteur et Créateur de Logements).
  • L’atelier ‘Architecture construite’ de la faculté d’architecture La Cambre Horta de l’ULB permet à des étudiant.e.s en architecture de concevoir et mener des actions de terrain qui se veulent utiles à la société.
  • Le Collectif Baya asbl quant à lui est une structure formée autour de la promotion des questions architecturales vers le grand public via l’accompagnement à l’auto-construction de projets architecturés, prioritairement en matériaux de réemploi.

Home for less a lancé une campagne de crowdfunding qui vous permet de soutenir ce projet.
A découvrir ici : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/home-for-less–3

Vers des partenariats Public-Communs

Un article de Jonathan Piron et Samuel Cogolati sur le site Etopia.be

1. Introduction

Diverses pressions s’exercent à l’heure actuelle sur les villes et leur développement. Les services publics, les espaces publics, les biens publics, sont désinvestis en faveur d’autres types de biens, essentiellement privés. Cette privatisation pose question en accaparant des biens publics pour le seul usage de nouveaux propriétaires privés, qui en limitent l’accès au plus grand nombre. Cette mainmise sur nos biens publics provoque, de surcroît, un affaiblissement des structures de solidarité en remplaçant la mutualisation des risques par l’individualisation.

Face à cette nouvelle vague d’enclosures orchestrée par nos pouvoirs publics au profit d’acteurs privés, les communs représentent une alternative à promouvoir. Il s’agit là de ressources partagées au sein de communautés selon un mode de gestion et d’exploitation entièrement autonome, distinct du marché (privé) ou de l’état (public). L’idée de biens communément possédés et gérés entre de plus en plus dans le discours ambiant tandis que les projets concrets se multiplient. Les exemples locaux se développent chez nous aussi bien dans des environnements urbains et ruraux : potagers communautaires au pied des arbres de grandes avenues, ateliers collectifs de réparation d’objets (FabLabs), kiosques à jeux en libre-service sur les places, coopératives d’énergie renouvelable ou pour la gestion de l’eau, habitats groupés et éco-quartiers dans d’anciennes usines… Ces communs jouent un rôle à la fois social mais également économique et institutionnel.

Une nouvelle politique urbaine ancrée dans la transition écologique doit prendre en compte ces nouvelles structures de gouvernance et leur faire jouer un rôle plus important. La prise de décisions, les capacités de gestion et les objectifs de redistribution suivant le principe des communs peuvent être complémentaires aux politiques publiques. Cette démarche peut se réaliser en partenariat avec les acteurs publics concernés. C’est cette approche de Partenariats Publics-Communs (PPC) qui sera abordée dans cette analyse.

2. Les communs au-delà du marché et de l’état

Tout d’abord, il est nécessaire de définir ce que l’on entend par « communs » et quels sont leurs modes de fonctionnement. Parmi les principaux penseurs des Communs, Elinor Ostrom fait figure de référence. Économiste et politologue, Ostrom est l’auteure d’un ouvrage important sur les communs : « Gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles ». Pour Ostrom, les communs se caractérisent par une auto-organisation de communautés dans la prise en charge de ressources et dans l’accès donné aux différents usagers [1]. Ostrom réfute le postulat de la « tragédie des commons » de Garrett Hardin, en démontrant dans la pratique comment ces communautés arrivent à gérer leurs ressources de manière durable sur le long terme, sans recours à la privatisation, ni à la force publique de l’état. Pierre Dardot et Christian Laval, autres penseurs des communs, soulignent là la pratique instituante autonome du groupe, qui devient un nouveau sujet collectif [2]. En effet, l’institution crée par le groupe développe elle-même un ensemble de droits, de règles d’accès, de sanctions et d’exclusion des cavaliers clandestins, assurant en ce sens la durabilité de la ressource en question, qu’elle soit matérielle (par exemple : des pâtures, des forêts, des lacs) ou non (par exemple : des connaissances qui se transmettent de génération en génération, les ressources génétiques, Wikipedia).

De nombreux communs (tels que des potagers collectifs ou des associations d’échanges de services à l’échelle du quartier) développent leurs activités en restant à l’écart des sphères publiques et privées (le marché). Ces initiatives ne sont ni gérées par le public, ni guidées par l’appât du gain : elles sont créées par et pour les habitants. Les militants des communs ont même souvent à cœur de défier l’État et le marché pour revendiquer une action politique sous une forme conflictuelle pacifique. Pour certains auteurs, la propriété publique ne servirait que de « paravent […] à la logique individualiste d’appropriation » [3]. En effet, la propriété publique n’est « pas nécessairement […] gardienne de l’intérêt général » quand l’État privatise les biens publics pour équilibrer ses comptes et quand la bureaucratisation des services publics empêche toute participation citoyenne [4]. L’auto-organisation de communautés citoyennes apparaît alors aux yeux des défenseurs des communs comme la seule issue valable à la division public-privé.

3. L’alternative des Partenariats Publics-Communs : sortir d’un système fermé et insatisfaisant

L’approche par les communs permet de dépasser les tensions imposées à la fois par le néolibéralisme et par la dualité entre le marché ou l’État. Comme nous le voyons de plus en plus, la marchandisation des biens, qui caractérise depuis les années 80 la société actuelle, accroît les déséquilibres et les inégalités tant au niveau de la production que de la redistribution voire du simple usage des biens et services. La société néo-libérale impose une idéologie propriétaire, pour reprendre le concept proposé par Benjamin Coriat, selon laquelle le marché est considéré comme étant auto-régulateur [5]. La contrainte exercée dès lors sur les biens publics amène en conséquence leur aliénation au bénéfice d’intérêts privés. La vente de biens publics devient une norme en vue d’assurer soit leur rentabilité, soit de maximiser leur production, suivant la rhétorique utilisée.

La tension actuelle sur les biens publics se réalise également au niveau du financement des projets. L’acteur public ne dispose plus forcément des moyens pour soutenir les marchés de travaux classiques. Des acteurs privés sont alors sollicités pour soutenir telle ou telle réalisation, via des Partenariats Public-Privé (PPP), obtenant de substantiels avantages dans l’utilisation qui en sera faite. Les PPP sont cependant loin d’être la panacée. Transformant la gouvernance de biens jusqu’alors publics, ils restreignent le droit d’usage dont disposaient jusque-là les citoyens. Ne soyons pas dupes : les projets immobiliers les plus profitables peuvent priver les habitants d’espaces publics, de parcs, de monuments historiques, de friches industrielles, et d’autres projets à haute valeur sociale ou environnementale ajoutée. Or, la mise en place de droits exclusifs n’amène pas une meilleure organisation ni même une meilleure rentabilité.

Alors, pourquoi devrions-nous absolument, au nom du développement, se soumettre aux seuls investisseurs privés ? Face à des pouvoirs publics aux finances étriquées mais en soif de redéploiement, et des promoteurs privés parfois prêts à confisquer des sites publics à titre spéculatif, pourquoi ne pas confier nos quartiers et notre patrimoine aux citoyens eux-mêmes ? Le partage et la mise en commun à partir de règles définies de manière collectives ont démontré leur efficacité, que ce soit via une meilleure efficience ou via une souplesse structurelle correspondant mieux au contexte donné. Nous devons aujourd’hui admettre que les communs représentent une « troisième voie » crédible à côté du marché et de l’État.

Mais, via cette approche, l’État ne doit pas nécessairement être considéré dans une logique de concurrence. Au contraire, Elinor Ostrom a démontré que les communs ne pouvaient perdurer sur le long terme que si les autorités publiques reconnaissaient leur organisation. Il s’agit même là du septième principe énoncé dans son livre emblématique [6]. Même si l’État n’est pas à l’origine du commun et ne participe pas directement à sa gestion, il peut le protéger et le soutenir en tant qu’entité institutionnelle et juridique à part entière. Par conséquent, les autorités publiques pourraient développer des liens de coopération et de solidarité avec les communs, entrant dans une nouvelle dynamique de coopération. En ce sens, une collaboration approfondie entre acteurs publics et communs pourrait déboucher sur la mise en place nouveaux projets locaux répondant aux attentes et souhaits de chacun. Un outil pourrait être mis à disposition des gouvernements et des citoyens : le « Partenariat Public-Commun » (PPC).

Tommaso Fattori est le premier à avoir développé l’idée de PPC. En 2014, celui-ci les définissait comme étant le moyen de « réorienter le rôle de l’État, en déplaçant son soutien et son subventionnement des entreprises privées au soutien de la création de communs [7] ». Différents mécanismes sont proposés, allant d’exonérations fiscales aux subventions, en passant par le soutien aux activités autonomes ainsi qu’à l’attribution de biens publics voire de politiques publiques à une institution fonctionnant sur le principe d’un commun. Les autorités publiques pourraient également créer un cadre juridique clair et précis pour construire ces initiatives citoyennes [8].

Dans le cadre d’un PPC, trois types d’acteurs entrent en jeu :

  • L’acteur politique
  • L’administration
  • Le groupe de citoyens institués en commun et portant la revendication

L’acteur politique est celui qui délègue l’action publique ou son soutien au commun. L’administration, de son côté, encadre l’institution en commun et permet la mise en œuvre ses décisions. Le groupe de citoyens, enfin, a l’attitude la plus prosélyte en étant constamment à la recherche de bras supplémentaires pour renforcer leur poids dans une dynamique qui est, selon, au départ en leur défaveur. Dans cette démarche, une logique d’évaluation autour de différents indicateurs comme la cohésion sociale est bénéfique pour le suivi du projet et l’implication des plus réticents.

Dans les projets emblématiques lancés par certaines villes, il convient de mentionner celui de la Ville de Gand, qui a initié en mars 2017 un grand ’Plan de Transition des Communs’ destiné à renforcer l’aide publique aux communs [9]. Les exemples y abondent : LikeBirds où des travailleurs indépendants et freelance partagent les frais de bureaux en co-working en plein cœur de la ville ; la coopérative EnerGent dans laquelle des familles gantoises ont décidé de cotiser ensemble pour la construction de deux éoliennes le long de l’E40 ; le mouvement VoedselTeams qui garantit des produits venus de fermes bio de Flandre orientale, etc.

Plus globalement, l’idée d’un PPC peut se réaliser autour de deux démarches : la mise en commun de services publics ou le soutien des services publics aux projets en commun.

  • La mise en commun de services publics

Une mise en garde s’impose tout d’abord : il ne s’agit pas, dans le cadre posé ici, de simplement consulter les citoyens. Ceux-ci, au contraire, s’engagent et passent eux-mêmes à l’action. Dans le cadre d’une mise en commun de services publics, la ressource concernée demeure propriété publique mais voit sa gouvernance mise dans les mains d’une institution fonctionnant sous le principe d’un commun. Le rôle de l’État reste important, afin d’éviter la rupture de liens de solidarité non seulement entre usagers mais également avec les non-usagers d’un bien jusqu’alors public. Pour réussir, cependant, il est indispensable que le processus se mette en place là où une dynamique associative existe.

Deux exemples permettent de mieux comprendre cette approche à savoir ceux liés à la gestion de l’eau à Naples et à Paris. La ville de Naples a opéré une transformation de la société par actions ARIN, gérant le réseau d’eau potable, en entreprise spéciale de droit public : ABC Naples. Cette transformation fut portée par une démarche citoyenne élevée, consacrée notamment via un référendum. La logique, horizontale, a vu les usagers devenir des acteurs à part entière, autour d’un nouveau de modèle de gouvernance.

A contrario, à Paris, la municipalité est restée derrière le processus, du début à la fin. L’initiative s’est imposée de manière verticale, sans mouvement citoyen en amont ni même de dynamique d’appropriation citoyenne. Issu d’une politique publique classique, le processus parisien mobilise peu, à l’inverse du processus napolitain, qui lui s’inscrit dans la dynamique d’un « commun ». Cette mise en commun de services publics doit donc partir d’une base sociale existante, fondée sur une revendication et sur une action coordonnée.

À un autre niveau, des espaces publics peuvent être laissés à un usage en commun. L’administration communale de Gand s’est engagée dans le développement d’une ville en transition autour d’une multitude d’initiatives locales. Parmi celles-ci, un focus a été mis sur l’aménagement urbain à partir de plusieurs questions : Quelle est la fonction d’une rue ? Comment la transformer ? Quels sont les liens avec les problématiques de mobilité, d’environnement, de cohésion sociale… ? De ces questionnements est né le projet « leefstraat ». Ce projet permet à ce que des riverains d’une rue en reprennent possession, avec la charge pour eux d’organiser diverses activités (comme des concerts de quartier, pique-niques ou jeux pour enfants) suivant leurs besoins, leurs envies, ce qui fait sens. En plus d’avoir redonné du sens collectif aux habitants d’une rue, le projet leefstraat a permis à la créativité de s’exprimer. L’initiative ne part que des demandes d’une rue, dont les habitants se sont regroupés en vue de proposer leur propre projet. Encore une fois, à aucun moment il ne s’agit d’un chantier imposé par l’autorité communale.

L’importance de la mise en commun de services public repose sur un fonctionnement essentiellement en bottom-up. Ce type de commun ne peut être une initiative en tant que telle de la ville, au risque de vite s’essouffler. La ville doit réellement et simplement être dans une posture soutenante.

  • Le soutien des services publics aux projets en commun

L’autre dynamique d’un partenariat public-commun se retrouve dans le soutien accordé aux projets en commun qui se sont lancés de manière autonome. Ces communs s’inscrivent dans une série d’initiatives destinées à encourager les citoyens à prendre possession de leur bien-être et de leurs besoins (via l’agriculture, les services, les échanges locaux, etc.). Or, nombre d’entre eux connaissent des difficultés de lancements ou disparaissent après quelques années faute de moyens efficaces. Souvent financiers, ces manques sont parfois aussi purement logistiques, comme l’existence d’une salle permettant au projet de se réunir et d’exister.

Les pouvoirs publics peuvent entrer en jeu en tant, par exemple, que fonds de garantie pour les projets développés et dont l’empreinte devient durable dans le tissu social. Dans le cadre d’une monnaie complémentaire qui respecte les règles de fonctionnement en commun, un tel mécanisme de sauvegarde pourrait être mis en place en cas de mise en danger du projet. L’objectif est à la fois d’assurer la pérennité du commun et de ne pas voir s’effondrer, avec lui, d’autres pans de la sphère publique ou privée qui en ont bénéficié collatéralement. Les autorités peuvent également permettre aux projets rentrant dans une charte communale des communs à pouvoir bénéficier de locaux publics inutilisés afin de se développer et d’organiser leurs activités.

D’autres projets de plus grande ampleur peuvent aussi bénéficier d’un soutien public, comme celui du « Community Land Trust » (CLT). Grâce au modèle du CLT, les pouvoirs publics peuvent prévenir l’inflation des prix du foncier et empêcher la spéculation immobilière. Le CLT fonctionne en effet sur base de la séparation du sol et du bâti. Le sol reste la propriété de la collectivité comme bien commun, ce qui fait évidemment baisser le coût du logement vendu aux particuliers. Les pouvoirs publics, en particulier les communes, pourraient prendre une part active dans ces CLT. Ainsi, à Molenbeek, ce sont 32 familles qui vont acquérir des appartements écologiques et gérer de manière collective un jardin et une salle polyvalente partagée avec l’association Vie Féminine. L’achat du terrain a été subsidié par la Région bruxelloise en 2012. L’expérience pourrait être renouvelée ailleurs pour lutter contre la crise du logement et pour encourager de nouveaux engagements sociaux.

L’organisation de PPC repose sur un lien fort et de confiance. Cette obligation peut représenter un obstacle pour nombre de citoyens et d’élus. Cette nécessité de confiance est toutefois importante, le succès du commun reposant sur sa stabilité et sa pérennité.

4. Conclusion

La mise en place de PPC, tout comme les communs au sens général, passe par un récit mobilisateur et compréhensible pour le plus grand nombre. Les communs révèlent un nouvel imaginaire social, s’écartant d’une structure de gestion et de redistribution verticale, centralisée et fermée. Comme le souligne l’historien Peter Linebaugh, les communs peuvent se définir comme étant un verbe (« commoning ») engageant une action collective [10]. Les communs permettent de réactiver des territoires délaissés, de réhabiliter des friches industrielles, de regagner le terrain laissé à la voiture dans les années 70, de récupérer l’espace perdu dans les zonings commerciaux,… bref, de rendre l’espace rural ou de la ville à chacun et à tous.

Les communs ne signifient pas la fin de l’état. Au contraire, les communs permettent de privilégier la participation des citoyens dans la société et de réinventer notre modèle démocratique. La réussite de ces projets repose donc sur un rapport de force que les communs doivent gagner avec les pouvoirs publics. Cette démarche implique dès lors de repenser les relations entre ces deux sphères institutionnelles. Comme vu plus haut dans l’expérience parisienne, les communs ne peuvent être imposés de manière verticale. En l’absence d’une base sociale engagée et revendiquant un espace de décision par le bas, le projet n’a aucune fondation. Dans l’autre sens, l’absence d’écoute, de confiance et de reconnaissance de la part des pouvoirs publics rend le commun tout aussi impraticable. Les autorités publiques doivent être en phase avec les objectifs fixés par les citoyens eux-mêmes et éviter les projets entrant en contradiction avec les communs, au risque de les faire vaciller. Au lieu de freiner ces initiatives citoyennes, l’état pourrait parfaitement décider de soutenir la co-construction entre services publics et communs.

[1] Göktug Morçöl, « Self-Organization in Collective Action : Elinor Ostrom’s Contributions and Complexity Theory », in Complexity, Governance & Networks, vol. 1, n° 2 (2014), University of Bamberg Press, Bamberg, 2014, p. 9-22.

[2] Pierre Dardot, Christian Laval, Commun : Essai sur la révolution au XXIe siècle,Paris, Ĺa Découverte, 2014.

[3] Thomas Boccon-Gibod, Pierre Crétois (sous la direction de), Etat Social, Propriété Publique, Biens Communs, Le Bord de L’Eau, 2015.

[4] Sébastien Broca, « Préserver l’intérêt général contre les entreprises… et contre l’état. Les communs, un projet ambigu », Le Monde Diplomatique (2016), p. 3.

[5] Benjamin Coriat (sous la direction de), Le Retour des communs. La crise de l’idéologie propriétaire, Les Liens qui libèrent, Paris, 2015.

[6] Elinor Ostrom, Governing the Commons. The evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge University Press, Cambridge, 1990, p. 101.

[7] « Public-Commons Partnership », in P2PF Wiki, P2P Foundation, 25 février 2014, [en ligne], https://wiki.p2pfoundation.net/Public-Commons_Partnership.

[8] Tine De Moor, « Co-operating for the future : inspiration from the European past to develop public-collective partnerships and transgenerational co-operatives », in Saki Bailey, Gilda Farrel et Ugo Mattei (sous la direction de), Protecting future generations through commons, Trends in Social Cohesion, Council of Europe Publishing, 2013, p. 81.

[9] Piloté par Michel Bauwens, ce plan s’inscrit dans celui porté par la Fondation P2P en Équateur, au sein du projet Flok (Free, Libre, Open Knowledge Society) (David Bollier, « Ecuador’s Pathbreaking Plan for Commons-Based Peer Production : An Update », in David Bollier, News and perspectives on the commons, 5 juin 2014, [en ligne], http://bollier.org/blog/ecuador%E2%80%99s-pathbreaking-plan-commons-based-peer-production-update ; « Research Plan », in Flok Society, 26 juin 2014, [en ligne], http://en.wiki.floksociety.org/w/Research_Plan).

[10] Peter Linebaugh, « Some principles of the Commons », in Counterpunch, Petrolia, 8 janvier 2010, [en ligne], http://www.counterpunch.org/2010/01/08/some-principles-of-the-commons/.

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Séminaire « Les Communs Urbains » 20 & 21 juin 2017 à Lille

La ville vous intéresse ? Vous avez déjà entendu parler des communs ? Vous vous intéressez aux réalités de votre environnement ?
Associations, collectifs, chercheur·euse·s ou acteurs publics se rassemblent avec nous les 20 et 21 juin à la MESHS,, 2 rue des Canonniers, Lille – sortie gare Lille Flandres

LIEN VERS INSCRIPTION

PROGRAMME

MARDI 20 JUIN

9H > 12H30 – ACCUEIL + PLÉNIÈRE
Les communs urbains : Processus de transformation des territoires ?

13H30 > 16H – ATELIERS CROISÉS // FAIRE LA VILLE EN COMMUN(S) : DE LA DYSTOPIE À L’UTOPIE RÉALISTE.
• Ils et elles l’ont fait c’est possible : Témoignages
• Imaginons notre ville idéale : Atelier participatif
• Juridiques et finances: Comment l’argent et le droit peuvent être au service du territoire ?

16h > 17h45 – DÉAMBULATIONS ET RESTITUTIONS CROISÉES

19H – PROJECTION & DISCUSSION
« Les chroniques de l’Emscher » de Christoph HÜBNER et Gabriele Voss
https://www.facebook.com/events/179108232617230/?fref=ts

MERCREDI 21 JUIN

9H > 11H30 – ATELIERS CROISÉS // FAIRE LA VILLE EN COMMUN(S) : DÉFAIRE NOS REPRÉSENTATIONS ?
• De l’occupation temporaire à la permanence des lieux :
la définition de nouveaux acteurs ?
• Jachère et temps de la ville : Redonner du temps à la ville, les enjeux et les outils
• Territoire de projets pédagogiques: au-delà des frontières administratives

14H > 16H30 – ATELIERS CROISÉS // L’INDIVIDU DANS LES COMMUNS URBAINS : INTERACTIONS, MOBILISATIONS ET COMPÉTENCES
• Cartographier sa commune : L’individu et ses interactions spatiales
• Et moi comment m’engager dans les communs urbains ? Format World Café
• Processus de mobilisation et d’action: Les communs urbains au cœur du développement de capacités sociales individuelles

ATELIER BONUS
La ville des enfants : autour des communs ?

16H45 > 18H – RESTITUTIONS CROISÉES
18H – INVITATION À L’EXPOSITION LE POINT COMMUN(S)
https://www.facebook.com/events/1933538266935668/?ref=ts&fref=ts

L’appétit des géants

Pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes

Olivier Ertzscheid

C&F Editions – 22 mai 2017
Il fallait un amoureux du web et des médias sociaux pour décrypter les enjeux culturels, relationnels et démocratiques de nos usages numériques. Olivier Ertzscheid met en lumière les effets d’échelle, l’émergence de géants aux appétits insatiables. En concentrant toutes nos activités numériques sur quelques plateformes, nous avons fait naître des acteurs mondiaux qui s’épanouissent sans contrôle. Nos échanges, nos relations, notre sociabilité vont nourrir des algorithmes pour classer, organiser et finalement décider pour nous de ce qu’il nous faut voir.

Quelle loyauté attendre des algorithmes qui se nourrissent de nos traces pour mieux alimenter l’influence publicitaire ou politique ? Comment construire des médias sociaux et un accès indépendant à l’information qui ne seraient pas soumis aux ambitions des grands acteurs économiques du web ? Pourquoi n’y a-t-il pas de bouton « sauver le monde » ?

Olivier Ertzscheid est plus connu sous le pseudonyme «affordance.info», du nom du blog qu’il tient depuis plus de 10 ans.

Au quotidien, ou presque, il démonte et commente sur ce blog l’actualité numérique, les relations avec ses étudiants, ses coups de coeur et ses colères. Un blog devenu indispensable à celles et ceux qui veulent que le numérique soit au service de l’intérêt général.

Pour ce livre, Olivier Ertzscheid a extrait une partie des articles concernant les grandes plateformes, principalement les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Comment celles-ci, loin d’être des services «neutres» sont en fait des formes nouvelles d’éditorialisation, qui visent avant tout à satisfaire les intérêts de leurs propriétaires.

Les algorithmes qui trient les réponses aux questions (notamment le PageRank de Google) et ceux qui trient l’ordre des posts que l’on peut voir sur les médias sociaux (notamment l’EdgeRank de Facebook) se comportent en fait comme des éditeurs, choisissant ce que nous allons voir une fois que nous sommes entrés sur une plateforme. Ce n’est pas en soi un problème… mais il faut alors que ces plateformes assument leur rôle de média et donc les responsabilités qui vont avec. Or elles se cachent derrière la technicité des algorithmes.

C’est à décortiquer cette situation que s’emploie Olivier Ertzscheid dans ce livre. Un ouvrage indispensable pour comprendre et faire évoluer les plateformes… en attendant de créer de nouvelles approches libres et indépendantes des intérêts publicitaires et du traçage.

Le livre est doté d’une préface par Antonio A. Casilli de Télécom Paristech.

Lire un extrait du livre… (PDF)

Entrevue avec Michel Bauwens autour de l’ouvrage « Manifeste pour une véritable économie collaborative »

Michel Bauwens répond aux questions de Frédéric Sultan à propos de son dernier ouvrage Manifeste pour une véritable économie collaborative. Il replace l’économie collaborative dans un contexte historique et l’évolution du capitalisme, aborde la relation entre travail et commoning et la dimension démocratique d’une société basée sur les communs.

Source : Remix The Commons