Félicitations à mes collègues de la Peer to Peer Foundation, et surtout à son fondateur Michel Bauwens, pour avoir gagné le Nica d’or 2016 pour les communautés numériques du Prix Ars Electronica ! C’est un grand honneur et il est mérité. Cette année, il y avait un total de 3159 candidatures venues de 84 pays pour ce vénérable prix.

Dans la citation du prix, le jury a écrit :

La P2P Foundation est une nouvelle génération de communautés qui aident à bâtir des collectivités. Elle est dédiée à la recherche et au plaidoyer pour les dynamiques peer to peer dans la société. Elle existe depuis dix ans, et est devenue l’un des principaux moteurs de la «transition des communs».

En tant qu’organisation décentralisée et auto-organisée sans but lucratif, la P2P Foundation analyse, documente et favorise des stratégies de peer-to-peer qui semblent être bien adaptée pour faire face aux défis et aux problèmes de notre temps d’une manière qui offre une grande promesse d’avenir. L’accent est mis sur trois traits principaux : la durabilité, l’ouverture et la solidarité. Depuis sa création, la communauté de la P2P Foundation a saisi plus de 30.000 entrées qui documentent l’histoire et le développement du mouvement peer-to-peer. Le Wiki de la P2P Foundation a été consulté plus de 27 millions de fois, et est donc la plateforme qui rassemble la collection de connaissances sur le P2P la plus massive au monde.

Un grand coup de chapeau à l’équipe de base de la P2P Foundation, composée de James Burke, Bill Niaros, Vasilis Kostakis, Ann Marie Utratel et Stacco Troncoso, et bien sûr, Michel – mon cher ami et collègue du groupe « Commons Strategies ». Michel, c’est tellement encourageant de voir tes années de travail, de ténacité et de leadership dans la construction de cette communauté mondiale recevoir cette reconnaissance.

Qu’est-ce exactement que la P2P Foundation ? peuvent se demander les non-initiés. Je considère que c’est une ressource inestimable d’informations archivées sur l’histoire de la production par les pairs et sur les sujets connexes. C’est aussi un forum solide dédié au débat sur les questions frontalières affectant les espaces numériques, et une ligne de front news/blogging qui partage rapidement les nouveaux événements et connaissances. C’est un instigateur incessant de nouvelles collaborations, conversations et actions visant à terme à un changement de système.

Le site a rendu visible et contribué à expliquer le travail de nombreuses communautés et mouvements engagés dans la co-création de la culture et de la connaissance. Celles-ci comprennent le monde du libre et des logiciels open-source, la culture libre, la conception ouverte et le matériel ouvert, l’économie de partage, et les coworkers des hackers/makerspaces et des Fab Labs. Ce que ces mouvements partagent c’est un désir de développer de nouvelles formes de participation démocratique et économique et de bâtir un avenir plus écologique, conscient, égalitaire.

Voici comment la P2P Foundation se présente elle-même :

La P2P Foundation a été conçue il y a dix ans pour accompagner les personnes, les organisations et les gouvernements dans leur transition vers des approches de la société fondées sur les communs par le biais de la co-création d’un patrimoine commun de connaissances ouvertes et la création d’un réseau humain, durable, résilient. Entre les paradigmes du réseau et de l’organisation, la P2P Foundation existe comme un «réseau organisé» qui peut faciliter la création de réseaux, mais sans les diriger. La P2P Foundation se compose d’une fondation enregistrée aux Pays-Bas avec trois pôles opérationnels dédiés à l’organisation, la sensibilisation, la recherche et la création d’un savoir commun; un réseau de militants et de chercheurs travaillant à différents niveaux d’engagement, une petite équipe de base de la stratégie et de la durabilité, et d’innombrables membres coopérant et contribuant à nos biens communs de l’information. Le travail de la P2P Foundation a commencé et, dans une large mesure, est toujours dirigée par le fondateur Michel Bauwens par de la sensibilisation, des conférences, l’écriture, l’édition et la documentation en ligne. La P2P Foundation est l’organisation parapluie sous lequel Commons Transition et le P2P Lab opèrent de manière interdépendante.

La P2P Foundation est une communauté numérique créant un écosystème d’information-communs pour le mouvement croissant du P2P et des Communs. Ce mouvement est préoccupé par le numérique et le tangible, le matériel, les mondes humains, y compris la question de leurs libertés et restrictions, disettes et abondances. Notre communauté est un mouvement décentralisé, auto-organisé dont les intérêts incluent l’environnement politique entourant la société en réseau; le matériel, les réalités sociales et culturelles, le partage et les économies de collaboration, les monnaies alternatives et cryptographiques; la durabilité et les pratiques « pro-sumer », la lutte contre l’obsolescence programmée et la rareté artificielle; et la régénération de la démocratie. En bref, le monde « peer to peer » unit les gens dans un changement culturel vers un avenir durable, juste, et plus humain.

Notre objectif principal est d’être un incubateur et un catalyseur pour l’écosystème émergent, en se concentrant sur les «pièces manquantes», et l’interdépendance qui peut conduire à un mouvement plus large. Le P2P, dans la pratique, est souvent invisible à ceux qui sont impliqués, pour une variété de raisons culturelles. Nous voulons révéler sa présence dans les mouvements discrets afin de les unir dans leur éthique commun. Pour ce faire, une initiative commune est nécessaire, qui rassemble des informations, se connecte et informe les gens mutuellement, aspire à des idées d’intégration des contributions de nombreux sous-domaines, organise des événements pour la réflexion et l’action, et éduque les gens sur les outils critiques et créatifs pour « changer le monde ».

A mes nobles et ingénieux amis et collègues de la P2P Foundation : c’est cela que vous faites, et bien plus encore !

Un article de David Bollier sous Creative Commons Attribution 3.0 License
Traduction Maïa Dereva